Je me masturbe, et sans scrupules !
Pendant des années, la question de la masturbation m'a dérangé : je sentais en moi un malaise, une condamnation, et pourtant je me trouvais incapable d'arrêter. J'aurais tant voulu ne plus me masturber ! Le Catéchisme de l'Eglise, au §2352 , m'incitait à chercher dans ce sens. "Un bon chrétien ne se masturbe pas !"
Je dois dire que j'ai essayé tous les moyens spirituels disponibles pour que ça disparaisse... Que d'heures à prier, à supplier, à demander pardon, à éviter les tentations... Et, je dois le reconnaître, de temps perdu ! Car toujours subsistaient ces deux éléments en moi : 1) le fait que je me masturbe, et 2) la voix qui condamnait cet acte. Toujours le trouble, la honte, la peur que cela se sache. Et ces deux prières : "Seigneur, pardon ! fais que la masturbation disparaisse de ma vie !" mais aussi "que ta volonté soit faite !"
Peu à peu, s'est imposée une évidence : ma seule liberté, c'était d'accepter ou refuser ce que, de toute façon, je faisais. Incapable d'éliminer de ma vie l'élément n°1, j'ai éliminé le numéro 2. Désormais, je me masturbe, de temps en temps, le soir, sans scrupules. J'assume ! Et sans cette honte, sans ce trouble, sans cette peur, je vis bien mieux. Je trouve plus de paix et de joie dans la vie ; je savoure bien mieux les autres menus plaisirs de la vie ; je suis plus franc avec mes amis...
J'en viens même à me demander si ce n'était pas une tentation d'avoir ces scrupules. N'était-ce pas rêver d'être un ange, sans corps adulte, de revenir à l'enfance ? N'était-ce pas trop "spiritualiser" la question de la chasteté et du célibat, sans reconnaître que mon corps est fait pour l'activité sexuelle ? Et que, si spirituellement je choisissais le célibat, cela ne signifiait pas la castration. Accepter d'avoir un corps, ça passe pour moi par me laver, manger, faire du sport, dormir... et me masturber.
Libéré des scupules, j'ai aussi vu ma pratique évoluer. Car en matière de plaisirs solitaires, il y a bien des manières de faire. Rien de plus frustrant que de se branler à deux heures du matin, après des heures à essayer de résister sans trouver le sommeil, et à le faire le plus vite possible pour décharger et enfin trouver le sommeil !
Rien de plus frustrant, aussi, que de rêver, d'une manière ou d'une autre, que je ne suis pas seul. Internet est plein de tentations qui, finalement, n'aboutissent jamais à ce qu'elles prommettent : vidéo porno ou images de beaux gosses, je me suis toujours senti tout bête après avoir fini, en voyant que je n'avais absolument pas rejoint celui que j'avais regardé.
J'ai heureusement trouvé une manière agréable de faire, sans mensonges. Je mets une musique douce, je ferme ma porte à clef, lumière tamisée... Je prends mon temps, en savourant peu à peu les sensations qui viennent... Je ne me force pas à conclure trop vite, laissant les choses venir en leur temps... Je regarde sans dégoût ce qui se passe...
Bref, ce qui était une pratique honteuse est devenue un élément normal de ma vie, qui n'y occupe qu'une place mineure, au chapitre des besoins corporels. Et pour me rassurer, j'ai découvert que le temps a bien passé depuis le XIXème siècle : plus aucun médecin ne croit que l'homme perd de sa vitalité en éjaculant, ou qu'il va en devenir sourd ! Sans compter que la Bible ne dit absolument rien à ce sujet...